Les dangers de la pilule

COMMISSION NATIONALE DE PHARMACOVIGILANCE VETERINAIRE
RAPPORT D’EXPERTISE DE PHARMACOVIGILANCE relatif à l’AVIS CNPV 02 du 9/12/2003

Evaluation des effets indésirables à court et moyen terme des progestatifs (la pilule) oraux à base d’acétate de mégestrol utilisés pour la prévention et l’interruption des chaleurs chez les carnivores domestiques.

La Commission Nationale de Pharmacovigilance Vétérinaire a été saisie le 30 mai 2002 par lAFSSA ANMV (Agence nationale du médicament vétérinaire) d’une demande d’avis relative aux effets indésirables à court et à long terme des progestatifs oraux à base d’acétate de mégestrol utilisés pour la prévention et l’interruption des chaleurs chez les carnivores.

Cette demande résulte de deux plaintes émanant de propriétaires de chatte et faisant état, après prise d’un médicament vétérinaire à base d’acétate de mégestrol de l’apparition d’un pyomètre compliqué d’insuffisance rénale aiguë après une seule prise, de tumeurs mammaires après plusieurs prises.

Dans les deux cas, les affections utérine et mammaire ont entraîné le décès de l’animal.

Ces plaintes insistent sur la carence d’informations concernant les risques accompagnant la prise de ce médicament à la fois sur la notice du médicament et lors de l’achat chez le pharmacien (ce produit étant distribué exclusivement dans les officines).

L’acétate de mégestrol est un progestagène stéroïde synthétique dérivé de la progestérone utilisable uniquement par voie orale.

Son effet contraceptif résulte de l’inhibition au niveau hypothalamique de la sécrétion pulsatile de GnRH et donc secondairement, de la sécrétion cyclique hypophysaire de FSH et de LH, induisant ainsi un anoestrus prolongé.

Cette molécule, comme les autres progestagènes de synthèse, a également une affinité non sélective pour les récepteurs à la progestérone présents dans les organes cibles des hormones stéroïdes sexuelles comme l’utérus et les mamelles : sur l’utérus, l’acétate de mégestrol peut induire une hyperplasie glandulokystique d’intensité variable et sur la mamelle elle provoque une augmentation de la production locale de facteurs de croissance GH (hormone de croissance) et IGF 1-5 (Insuline like growth factors) conduisant à une hypertrophie mammaire. Elle possède également une action centrale sur le système limbique et antagonise l’effet de l’insuline.

Médicaments vétérinaires à base d’acétate de mégestrol pour le traitement et l’interruption des chaleurs chez le chat :

  • Felipil
  • Megecat
  • Mégépil
  • Pilucalm
  • Minipil
  • Pill’kan
  • Megedine
  • Opochaleurs

Certains de ces médicaments vétérinaires, Mégécat, Mégédine peuvent être aussi utilisés pour traiter les dermatites miliaires. (NDL : derma-chat, ancien de pruritex).

Effets secondaires de l’acétate de Megestrol (la pilule) :

  • Tumeur de l’appareil génital
  • Tumeur des ovaires ou de l’utérus
  • Pyomètre
  • Métrite, pertes vaginales
  • Hypertrophie utérine
  • Tumeur de la glande mammaire
  • Hyperplasie mammaire
  • Oeudème de la glande mammaire
  • Abcès de la glande mammaire
  • Hypertrophie la glande mammaire
  • Effet sur la reproduction : Mort foetale / momification
  • Hyperglycémie
  • Hypoglycémie
  • Congestion, cyanose
  • Alopécie
  • Erythème
  • Déshydratat ion cutanée
  • Prise de poids, perte de poids
  • Hyperesthésie, agressivité
  • Dépression, apathie, léthargie
  • Ataxie, parésie
  • Hyperthermie, hypothermie,
  • Procidence de la 3ème paupière
  • Anémie, lymphocytose,
  • Thrombocytopénie
  • Insuffisance rénale, tumeur rénale,
  • Hématurie
  • Incontinence urinaire
  • Foie : cirrhose, ictère, tumeur hépatique
  • Poumon : dyspnée
  • Abdomen : Douleur abdominale, péritonite, pancréatite
  • Tractus digestif : anorexie, polydipsie, salivation, vomissement, constipation, diarrhé.

Aucune information sur le délai d’apparition des effets indésirables par rapport au début du traitement n’est disponible. Toutefois, lorsque l’on dispose de l’information, de très grandes variations sont relevées quant au moment d’apparition des pyomètres ou tumeurs mammaires : de 2 jours après le début de la prise à 10 ans pour l’apparition d’un pyomètre et de 15 jours à 6 ans pour l’apparition d’une tumeur mammaire.

Données concernant l’utérus :
L’hypertrophie de l’endomètre due à l’acétate de mégestrol est prouvée chez 10 chattes préalablement ovariectomisées recevant 10 à 30 mg d’acétate de mégestrol par semaine. Les lésions, sauf chez une chatte qui déclare un pyomètre (lot 30 mg), régressent partiellement après l’arrêt du traitement. Elles existent également chez les chattes non ovariectomisées .
Une étude a permis de mieux cerner le pourcentage de métropathies : 1 cas pour 244 chattes traitées pendant 3,5 ans.

Données concernant la mamelle :
Dans l’espèce féline, l’acétate de mégestrol provoque des effets au niveau de la mamelle et des hypertrophies mammaires. Des auteurs ont établi le lien entre les modifications non néoplasiques dominées en fréquence par la fibroadénomatose et la distribution de l’acétate de mégestrol.

Une enquête très récente du GERES (groupe d’étude en élevage et sport canin) conduite par le Dr Martine LENNOZ (résultats non encore publiés) a montré que sur 53 cas de fibroadénomatose, 13 avaient reçu un traitement progestagène et que ces proliférations mammaires peuvent survenir dès la première imprégnation hormonale avec des doses d’acétate de mégestrol normales. L’apparition des hyperplasies mammaires impose un arrêt du traitement progestagène. La régression des lésions est souvent incomplète .

Le lien entre acétate de mégestrol et cancer de la mamelle n’est pas prouvé mais suspecté : une première publication relate que 3 cancers sur les 17 cas de modifications mammaires sont dues à l’acétate de mégestrol et une seconde signale que sur 17 cas de carcinome mammaire, 4 se sont développés sur des chattes recevant de la progestérone.

Autres données :
De nombreuses publications font le point sur les effets indésirables, décrits chez le chat suite à l’administration d’acétate de mégestrol tels que hypoadrénocorticisme, diabète sucré, modifications comportementales (agressivité ou dépression, polyphagie) et prise de poids.

Source: Chats et compagnie

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